S2E4 LA GLOSSOPHOBIE – UNE PHOBIE COMME LES AUTRES
Bonjour, je m’appelle Frédéric Arminot et aujourd’hui je vais vous parler de glossophobie.
Je vais vous expliquer, bien évidemment, ce qu’est la glossophobie, mais pour commencer à en
parler je pense à Anne. Une patiente qui a un jour poussé la porte de mon cabinet et à propos de laquelle, je m’en souviens très bien, j’ai immédiatement ressenti une femme pleine d’autorité.
Elle en impose par sa présence physique, malgré une voix douce, et qui sait se montrer ferme et
assurée, en tout cas devant l’interlocuteur unique que je suis, à ce moment-là.
J’ai l’impression d’avoir devant moi une personne qui sait ce qu’elle veut qui sait où elle va et qui sait comment satisfaire sa volonté.
Alors mes premières impressions sont fausses puisqu’il est vrai que Anne, si elle vient me consulter, c’est qu’elle a bien un problème.
Et son problème est qu’à l’idée de parler en public et bien ses certitudes s’effondrent.
À l’idée de s’exprimer en public, Anne est prise de symptômes qui sont à la fois de l’ordre physique-psychique et relèvent aussi de l’évitement.
Anne souffre effectivement de glossophobie, c’est à dire de la peur de parler en public, mais cette glossophobie est-elle une phobie comme les autres ?
C’est précisément ce que nous allons voir ensemble.
qu’est-ce que c’est que la
glossophobie ?
Être atteint de glossophobie, ou avoir peur de parler en public et se traduit par des symptômes
physiques.
Glossophobie : les principaux symptômes
- transpiration
- accélération du rythme cardiaque
- jambes « en coton »
- difficulté à respirer
- mains moites
- difficulté à articuler
- problème à faire porter sa voix (à se faire entendre) et puis la nécessité de boire
- déglutir beaucoup
La glossophobie se manifeste aussi aux travers de symptômes psychiques comme de l’angoisse, de l’anxiété, du stress et la mise en place de processus d’évitement, des peurs d’anticipation, des pensées obsessionnelles et puis la peur du jugement des autres.
La peur de parler en public, ou glossophobie, se réfère donc à une difficulté, et même, à une impossibilité à s’exprimer devant un public. Sachant que ce dernier (le public) est à considérer comme tel, à partir de deux personnes.
Cela induit, aussi, une peur associée à un espace ouvert, grand, large et rempli de monde qui sont autant de perdu et braqué sur vous. Autant dire une terrible pression, surtout dans la situation de Anne. La pression derrière accentue le trouble au point, parfois, si ce n’est souvent, de générer des crises de panique.
Il y a donc impossibilité, accessoirement chronique, chez la personne qui est victime de glossophobie à prendre place, à s’affirmer et par voie de conséquence à prendre la parole.
Est-ce que la glossophobie ou la peur de parler en public est une phobie comme les autres ?
Le principe d’une phobie c’est l’utilisation d’une peur qui en masque une autre plus importante. Je m’explique, la phobie consiste à éviter quelque chose qui vous inquiète, consciemment ou pas, vous focalisez votre attention sur votre objet phobique. Ainsi vous pouvez souffrir de la phobie des avions, de la peur des oiseaux, d’aquaphobie ou encore d’astraphobie qui est la peur du tonnerre.
Je m’arrête là parce que la liste est longue et ce ne sont que des exemples.
Donc vous focalisez votre attention au point d’être particulièrement stressé pour éviter tout ce qui peut vous mettre au contact de près ou de loin à votre phobie. Vous allez donc vous employez à stratégiquement mettre en place tous les comportements possibles pour vous protéger.
La glossophobie relève du même problème. De fait, la peur de parler en public est une phobie, une peur, comme toutes les autres, à ceci près. Vous l’aurez bien compris, cette phobie a pour objet de vous protéger d’un problème plus important, plus grave que la phobie dont vous êtes infecté.
C’est précisément ce que Anne et moi allons-nous employer à débusquer, pour que si tel est le choix de cette patiente, elle puisse parler en public en toute confiance.
Le cas de Anne
Anne a 42 ans. Depuis 8 ans elle est directrice générale d’une mutuelle, elle a des responsabilités
professionnelles importantes et est souvent en déplacement. Tout se passe très bien pour elle et elle s’estime dûment récompensée d’années d’études.
Elle estime d’ailleurs avoir réussi, mais craint pour son avenir. Encore récemment elle a été confronté à des problèmes récurrents, son impossibilité à prendre la parole devant un partenaire de représentant locaux et régionaux. Jusqu’il y a peu, à force d’anxiolytique et de bêtabloquant elle a à peu près pu gérer la situation.
Elle est convaincue que ce public, comme ses plus proches collaborateurs et collaboratrices ne sont pas dupes de sa situation émotionnelle. Elle dit en devenir paranoïaque dans la mesure ou elle a cru entendre des remarques désobligeantes la concernant à la suite de sa dernière intervention.
Elle est, d’ailleurs, tellement émue à ce propos, qu’elle commence à pleurer. Alors je lui demande de me raconter cette dernière réunion. Elle me parle de ses émotions avant, ses émotions pendant, et ses émotions ensuite. Puis de son épuisement après, et c’est d’ailleurs ce qui l’a poussé à me consulter. Elle veut que ça cesse rapidement, car à son sens les enjeux sont importants et elle craint pour son poste.
Après m’avoir expliqué toutes ses tentatives de solutions pour éviter sa glossophobie, Anne a ma demande m’explique que ce problème a toujours été présent.
Nous commençons à avancer de façon rétroactive, j’entends par là, que je trouve intéressant de
visiter l’histoire de cette femme, en lien avec le problème de phobie, dont elle vient me parler.
Voir aussi le Podcast : « Le diagnostique comportemental »
Fille ainée d’une famille peu aisée, Anne, a réussi à force d’amour et de sacrifices. Elle a exigé d’elle-même cette réussite. C’était sa réponse à l’amour et aux sacrifices de ses parents. Et ses propres sacrifices s’étant exprimer par peu de sorties, peu de relations sociales, quasiment pas de relations sentimentales.
Jeune, elle s’est toujours employée à travailler d’arrache-pied, toujours inquiète de réussir et d’être la première. Nous commençons à toucher le problème, celui de la légitimité. Anne m’explique combien il lui a fallu se battre pour en arriver là où elle est.
Joli appartement, bon boulot, beau carnet d’adresses, beaux vêtements mais bien seule et presque phobique sociale, ce qui dans sa situation professionnelle constitue un sacré paradoxe !
À l’école comme à l’université, Anne a toujours été anxieuse à l’idée de prendre la parole. Peur de mal dire, peur de mal faire, peur d’échouer. Cela fait des années que cette femme se protège avec moult médicaments, mais il est forcer de constater qu’ils n’ont plus les effets escomptés.
Alors pour faire court, Anne a toujours essayé de contrôler son problème d’illégitimité. Elle a pris et repris le contrôle de son problème jusqu’à ce que cela ne fonctionne plus et cela la plonge dans ce qu’elle cherchait précisément à éviter.
Et son passé l’aura donc rattraper, celui-là même qu’elle appellera mes démons.
Alors afin d’aider Anne à faire la paix avec son passé, je lui ai proposé d’utiliser un langage qui lui
permet de mettre son cerveau en paix d’une part et d’en cesser avec ses peurs d’anticipation. Ce que l’on appelle le langage hypnotique. J’explique, donc, à Anne de quoi il retourne.
Je reconnais que à ce stade il a été délicat de convaincre Anne d’agir de la sorte. Mais, elle avait un tel désire de ne plus souffrir de cette glossophobie qu’elle a fini par accepter.
Dans le même temps j’ai demandé à cette personne de faire certains exercices de sorte à ce que la petite fille laisse en paix la femme, l’adulte. De sorte à ce que chacune soit à sa place et puisse vivre sa vie en paix.
Son problème d’illégitimité la faisait, effectivement, réagir de façon infantile alors qu’elle est une adulte.
À chaque fois que Anne devait parler en public, ses peurs d’enfants s’exprimaient et barraient le passage à l’adulte accomplie. C’est la même qui dans la plupart des circonstances de sa vie, tant personnelle que professionnelle savait faire preuve et acte de confiance en soi et d’affirmation de soi. Alors qu’en situation d’exposition de façon quasi automatique la glossophobie de Anne réapparaissait.
Anne a cessé de venir me consulter après la troisième séance et l’année dernière j’ai lu dans un
journal qu’elle avait la présidence du groupe de mutuelle pour lequel elle travaillait.
J’ai imaginé que cette promotion signifiait que tout allait bien pour elle et qu’elle avait pu consolider sa solution à sa glossophobie, sa peur de parler en public mais peut être que je me fait des idées…
Merci pour cette votre attention, si vous vous retrouvez dans ce cas n’hésitez pas à partager ce podcast.