S2E3 – phobie sociale – l’histoire de Lionel, ou comment s’affirmer

Aujourd’hui je vais vous parler de phobie sociale et essayer de vous expliquer comment ne plus souffrir de phobie sociale. En même temps je vous parlerais d’une personne avec qui j’ai eu à travailler sur ce sujet. Cette personne c’est Lionel, et je vous donnerais un certain nombre d’appuis à propos de ces problèmes de phobie sociale.

Alors, il y a des phobies qui comme la phobie sociale, plus que d’autres constituent de véritables handicaps pour celles et ceux qui en souffrent. L’éreutophobie ou la peur de rougir, la peur de parler en public ou la glossophobie en font partie, comme la laxophobie, c’est la peur d’avoir la diarrhée, ou dans un autre registre social, l’agoraphobie qui est la peur de la foule. Chacune de ces phobies a son lot de conséquences psychosociales toutes plus pénibles les unes que les autres. C’en est parfois tellement épouvantable pour les personnes qui en sont victimes qu’elles ne peuvent envisager aucune activité sociale, affective ou professionnelle. Je vais en avoir un exemple assez époustouflant un jour à la faveur d’une première consultation, la première consultation de Lionel justement et qui me dit souffrir de phobie sociale. 

Quand Lionel m’appelle pour prendre rendez-vous, je commence par entendre une voix assez fluette comme très lointaine et presque effacée. Et à peine s’est-il présenté que Lionel s’excuse, ce que d’ailleurs il fera très souvent au cours de nos consultations comme lorsqu’il me téléphone pour me demander des précisions à propos d’exercices que je lui confie.

La phobie sociale, en ce qui concerne Lionel, n’est pas une idée fumeuse, c’est tout bonnement une réalité. 

Alors, qu’est-ce que c’est que la phobie sociale ? 

La phobie sociale qu’on appelle aussi l’anxiété sociale, c’est une incapacité à être en relation avec les autres, avec tous les autres, et ce dans tous les domaines de sa vie.

La personne qui est affectée par cette phobie vit comme une douleur intense toute interaction avec les autres. 

A titre d’exemple dire bonjour ou acheter une baguette à la boulangerie ça relève d’un exercice particulièrement difficile, voire dans certains cas, impossible. 

Les personnes qui sont victimes de phobie sociale ont toutes les peines du monde à affronter le regard des autres. Et de façon quasi permanente elles craignent le jugement des autres. Elles ont toujours peur de mal faire ou d’exprimer des choses inadaptées en des moments les plus inopportuns. 

Ce sont des personnes qui souffrent par extension d’un manque d’estime d’elles-mêmes et d’un manque de confiance en soi qui leur rend quasiment impossible la moindre opportunité de soutenir toute relation sociale

Elles sont quasiment isolées la plupart du temps et ressentent un très fort sentiment d’insécurité. Le seul havre de paix qu’elles trouvent est généralement leur lieu d’habitation, ce qui a pour effet de les isoler encore plus et de nourrir encore plus leur phobie sociale justement. Souvent prises en charge par des médecins psychiatres, elles se voient prescrire bien des médicaments, comme les anxiolytiques, les hypnotiques, les antidépresseurs ou encore les neuroleptiques et dans tous les cas cliniques liés à la phobie sociale dont je me suis occupé toutes ces années, rares ont été les personnes qui m’ont affirmé en avoir tiré un réel bénéfice.

Alors comme je le dis souvent ce type de médicaments ne fait qu’apaiser les symptômes et encore je suis loin d’en être convaincu et en tout cas ne résout pas le problème de la phobie sociale.

Il n’est pas rare que, les personnes atteintes de phobies sociales, en plus de cultiver d’elles une estime particulièrement basse, conçoivent une forte honte et une très forte culpabilité quant à leur incapacité à avoir une vie comme les autres

Elles souffrent terriblement de leurs phobies et sont souvent convaincues qu’elles sont responsables d’échouer là où la plupart des autres réussissent, à leur sens en tout cas.

Quant à ce qu’elles ou ils pensent être une vie comme les autres, beaucoup reconnaissent qu’ils ne savent pas ce que c’est qu’une vie normale. 

D’abord parce qu’ils fréquentent peu de gens, voire personne, ou parce que précisément c’est l’idée qu’ils se font d’une vie normale, à contrario de la phobie sociale.

Cela relève très souvent du fantasme d’une vie où ils pourraient s’affirmer, prendre des risques et en assumer les conséquences et en bref, ne pas souffrir de cette fameuse vie sociale. J’ai toujours été frappé d’observer que les personnes qui souffrent de phobie sociale et ou d’anxiété sociale sont issues de familles dites dysfonctionnelles, qui avaient participé, de façon directe ou indirecte à empêcher le phobique de prendre des risques ou de s’affirmer en lui renvoyant le plus souvent lui-même une image abîmée du type « fais ce que tu veux, puisque de toutes manières tu n’y arriveras pas. »

Maintenant il est vrai que toutes les familles sont dysfonctionnelles par nature puisque dans le cas contraire il n’y aurait aucune névrose voire de névrose d’angoisse.

La phobie sociale est donc un symptôme, le symptôme d’une angoisse profonde voire d’une angoisse chronique qui, le temps aidant, s’est mue en anxiété généralisée.

Et c’est dans toutes ces circonstances affectives et psychologiques voire pire comme je vais essayer de vous le démontrer maintenant, que Lionel est entré dans mon cabinet de thérapie et comment il a trouvé une solution à sa phobie sociale. 

La phobie sociale repose sur une histoire personnelle pathogène

Quand Lionel se présente à moi je rencontre un homme comme blessé il a la tête dans les épaules il est presque malingre, engoncé dans une veste en laine blanche et grise dont on pourrait avoir l’impression qu’il l’a piquée à un géant.

Et Lionel semble gêné d’être là, alors est-ce que ce sont les prémices de sa phobie sociale ? Sans doute en tout cas il va bientôt commencer à s’excuser parce qu’il range ses petites affaires autour de lui, il s’affaire sur le bon positionnement du sac qu’il portait en bandoulière, d’ailleurs la taille de son sac me fait penser à celle de sa veste, il est immense ce sac, alors il prend le temps de bien se caler au fond de son siège puis il m’adresse un sourire gêné qui laisse paraître les dents abîmées, il n’est pas rasé, ce qui, sur le teint livide qui est le sien lui donne un air encore plus gris.

Pendant une heure, Lionel va s’employer à essayer de répondre à mes questions à propos de ses symptômes de phobie sociale, nous allons parler, il va souvent me dire qu’il ne comprend pas ce que je lui dis, et parfois moins encore les questions que je lui pose.

C’est au cours des deux consultations suivantes que je comprendrais que je n’avais pas à me remettre en cause quant à ma façon de le questionner et à la qualité de ma pratique.

Puisque Lionel m’expliquera plus tard qu’il voulait juste s’assurer qu’il comprenait bien ce dont je lui parlais tout en réfléchissant au sens de mes questions et accessoirement à là où je voulais en venir à propos de sa phobie.

Parce qu’il est particulièrement intelligent, ce cher Lionel, et alors non seulement il est intelligent et même très intelligent, puisqu’il manie avec une dextérité certaine l’humour au second degré, la dérision voire le cynisme à propos de lui comme de sa propre phobie.

En ce qui concerne ce dernier point, comme le disait Benoit Poelvoorde, le cynisme est la forme accentuée de la désespérance, en tout cas il n’en demeure pas moins que Lionel se méfie, et il a de quoi se méfier. Il a toutes les raisons de se sentir anxieux à propos de ce premier entretien thérapeutique puisque Lionel veut sortir de sa phobie, ce qui n’est pas simple pour lui et qu’il n’en est pas en matière de thérapie à son coup d’essai.

Depuis des années, Lionel est promené d’un psychiatre à un autre, personne ne semble d’accord sur un diagnostic, pourtant aucun d’entre eux n’évoque une éventuelle phobie sociale, alors tantôt psychotique, tantôt borderline, tantôt schizophrène ou bipolaire, tantôt hospitalisé en hôpital psychiatrique, Lionel est baladé comme un touriste en terra incognita.

Lionel a tout et en même temps il n’a rien mais il a quand même quelque chose, une affection mais on ne sait pas laquelle.

Les professionnels semblent ne pas se prononcer et prescrire des actes en conséquence, il sera hospitalisé à diverses reprises contre son gré, mais qui se soucie de l’avis de Lionel, quand lui revendique une phobie sociale ?

Tout a commencé des années auparavant à la suite d’une altercation très violente entre Lionel et l’amant de sa mère. 

Attention toute interprétation quant à une éventuelle rivalité serait une erreur du diagnostic, cela n’en serait jamais qu’une de plus.

Cet amant semblait exprimer un certain mépris à l’égard du fils de sa compagne, laquelle femme a laissé faire des années durant avec d’autant plus de facilité qu’elle a toujours considéré que son enfant était quelque peu malade, et qu’il ne pouvait être autonome et encore moins responsable.

Il aurait donc eu besoin, au sens de cette mère, d’être coaché par un adulte référent : l’amant en l’espèce.

Soigné depuis des années pour dépression et non plus pour phobie sociale, Lionel m’a présenté le contexte familial comme un environnement assez destructeur entre une mère castratrice et un père absent. Cette mère qui refusera toujours de venir me parler d’ailleurs, semblait s’être échinée à empêcher son fils d’évoluer, de sortir du nid et le présentant comme un enfant chétif qu’il fallait protéger de lui-même et du monde.

Ca me rappelle l’histoire d’une patiente à qui sa mère avait toujours dit de se méfier des hommes car ce sont tous des salauds, des pervers, et des violeurs.

Alors Lionel me parlera de ses difficultés scolaires, non pas qu’il fut mauvais élève, mais sa plus grande difficulté à nouer des relations avec des camarades de classe, lui qui restait toujours seul dans un coin comme caché, à l’abris de tous en plus de faire souvent l’objet de moqueries, de quolibets, comme Lionel allait me dire. C’est un autre terrain de la phobie sociale effectivement, puisque Lionel était particulièrement timide.

C’est peu de temps après sa dernière hospitalisation que Lionel a décidé de venir me consulter, on a donc mis en place une stratégie progressive pour le sauver de sa phobie sociale. 

Je ne vous cache pas que ça a été dur, j’irais presque à dire laborieux, mais Lionel courageusement s’est accroché et ça a marché.

Comment est-ce qu’on a fait pour sortir Lionel de sa phobie sociale ?

Cela s’est fait en plusieurs actes : il y a eu l’acte un, peu après que nous ayons fait le point sur le contexte de sa situation, j’ai commencé par demander à Lionel de réfléchir à seulement deux questions à propos de sa phobie.

Et quand il m’a consulté pour la seconde fois, les questions avaient fait l’objet d’un nombre de réponses tel, qu’il nous faudra beaucoup de temps pour les décrypter.

Lionel s’est employé à répondre d’une manière si précise et circonstanciée que ça posait toute la difficulté d’une mécanique de son problème mais surtout a mis en lumière tout ce qui participait à prendre le risque d’avoir de lui une image positive.

Ce sera fondateur pour la suite, de la mise en place d’actions stratégiques que je souhaitais mettre en place.

Dans l’intervalle, Lionel me téléphonait très souvent ou m’adressait des sms, il m’expliquait combien il était angoissé ou anxieux à l’idée de ne pas précisément faire ce que je lui demandais. Je passais beaucoup de temps à dire et à répéter à Lionel que je n’attendais pas de lui le mieux et que tant qu’il voudrait tendre vers cette perfection comportementale, eh bien il en serait quitte pour de nombreux troubles anxieux et angoisses répétées, tout comme de sa phobie.

Il y a eu un acte deux, c’est-à-dire que les séances passaient, une puis deux puis trois puis quatre, et puis l’atmosphère thérapeutique se détendait franchement ce qui m’a permis de demander à Lionel ce qu’il aimerait faire s’il avait de lui une image positive et qu’il se sentait suffisamment en confiance ou en sécurité.

Après réflexion, il m’a expliqué qu’il aimerait quitter le domicile familial et avoir son appartement et dans le même temps, il m’expliquait que sa mère cherchait vraisemblablement à l’empêcher de partir et qu’en agissant de la sorte, Lionel avait convenu que sa mère était dans sa logique et qu’il était stérile d’essayer de la faire changer d’avis.

J’ai donc demandé à Lionel de réfléchir aux moyens qu’il pouvait poser pour trouver les bases de son autonomie, qui marquerait le terme de sa phobie sociale.

J’avais bien précisé à Lionel que je ne souhaitais pas qu’il prenne un appartement trop vite, je souhaitais juste qu’il cherche des moyens pour prétendre à la location d’un bien immobilier, sachant combien cela lui serait difficile puisqu’il n’avait aucun revenu et un statut de travailleur handicapé, et des allocations qui ne lui permettaient pas de prétendre à quoi que ce soit à propos d’un lieu de vie.

Acte trois, de mémoire les vacances d’hiver ont passé et ce n’est que un mois plus tard que je revis ce cher Lionel, toujours vêtu de son immense veste en laine et de son immense besace, et c’est à ce moment là, tout sourire que Lionel m’annonce qu’il a trouvé un travail, il est devenu caissier dans un hypermarché et que ça lui permet d’observer les interactions sociales entre les êtres humains.

Venant de lui je trouve ça plutôt cocasse et en même temps je ne suis pas très étonné qu’il ait cette démarche anthropologique puisque c’est quand même le comble de la phobie sociale. Je suis quand même stupéfait positivement de son audace, il va même jusqu’à me dire qu’il a repéré une jeune femme qui ne le laisse pas indifférent, comme quoi on peut se poser la question de savoir si sa phobie sociale serait en passe d’être définitivement vaincue.

Acte quatre, au terme des consultations précédentes, j’ai donc demandé à Lionel de lever le pied et de ne plus trop s’en demander, bien qu’il soit compréhensible qu’il veuille en finir avec sa phobie et sa prise en charge thérapeutique qui a pour vocation à apporter une solution à se phobie n’est pas une course contre la montre, ce n’est pas une compétition, et je lui ai répété plusieurs fois ce qui fait sourire Lionel d’une façon d’autant plus encourageante qu’il a repris des couleurs et un peu de poids. 

Les semaines passent jusqu’au jour où il me téléphone pour me demander mon avis quant à satisfaire à une offre qui lui a été faite, mais quand même présentée comme quasi obligatoire, de la part d’une équipe thérapeutique et qui consiste à intégrer justement un appartement thérapeutique. Alors, je fais montre d’un ton cordial, bienveillant, mais assez ferme.

Je dis à Lionel que je n’y vois aucun inconvénient, mais je lui demande quand même quel est l’intérêt de répondre favorablement à une telle offre formulée par l’institution d’une part et que s’il y répond par l’affirmative, il confirmera à ces gens qui le disent malade qu’il est malade. Il confirme qu’il est incapable d’être adulte et autonome d’autre part.

Lionel me dit que j’ai raison, puis il me raccroche quasiment au nez, alors je me moque d’avoir raison, je veux juste qu’il bouge. Lionel a montré ses capacités progressives à l’égard de changement, il est en train de s’affaisser, de se laisser manipuler par ses angoisses, par ses peurs, par ses phobies sociales justement, comme par ses proches, qui pour se sécuriser eux-mêmes sont prêts à ne lui laisser aucune chance de s’affirmer.

Comme cela chacun est à sa place et tout le monde se sent sécurisé, sauf l’intéressé.

Acte cinq, c’est l’acte suivant, eh bien pendant des semaines durant je n’ai aucune nouvelle de Lionel, ni coup de fil, ni sms, ni mail.

Jusqu’au jour où je reçois un mail m’invitant à aller regarder quelque chose sur internet.

Je ne sais pas de qui vient cet e-mail, ce n’est pas précisé, c’est une invitation assez originale, tant par sa présentation que par son contenu.

Cela n’est que plusieurs jours plus tard que j’ai satisfait à la faveur de l’annulation d’une consultation. Et ce que je découvre me laisse bouche bée.

Il y a une belle typo aérée, c’est simple, c’est clair au premier coup d’œil et en plus il y a les vidéos dont une m’est dédicacée. C’est Lionel. Il parle de son nouvel appartement, de son parcours thérapeutique, de sa nouvelle vie en totale autonomie, le tout d’une voix calme et posée. Lionel a créé une page sur You Tube, il me présente cette page de façon assez gracieuse, il explique comment utiliser des logiciels très techniques, d’ailleurs, je ne lui connaissais pas cette compétence. Lionel a avancé à pas de géants, ce début de réussite c’est à lui seul qu’il le doit, malgré toutes les difficultés il s’est mis en danger pour s’affirmer, il a courageusement tout mis en œuvre pour gérer sa phobie sociale.

Un pas après l’autre, sans se bousculer, il a compris tous les bénéfices qu’il pouvait retirer à analyser chaque pas, à l’assurer pour passer au suivant. Il a compris, et le reste suivra, c’est juste une question de temps.

Lionel est entré dans une dynamique que plus rien ni personne ne peut entraver.

Lionel est libre et moi je viens de perdre un patient ce qui me fait content, puisqu’il s’agit de Lionel qui a enfin mis un terme à sa phobie sociale.

Il y a un épilogue à cette histoire, cela n’a pas été une simple affaire thérapeutique, d’aider Lionel à ne plus souffrir de sa phobie, non seulement parce qu’avec son parcours tant personnel que psychologique, il me fallait y aller doucement mais que je devais aussi composer avec Lionel lui-même qui parfois ne m’informait pas toujours de ce qu’il faisait ou des projets qu’il menait.

Il aura fallu que je lui demande d’utiliser très précisément des exercices comme celui de la PSE où, de façon progressive, apprendre à transformer ses problèmes en solutions, ou comment utiliser la phobie sociale comme un avantage.

Lionel était littéralement bloqué sur ses relations affectives, familiales, qui entravaient son développement personnel. Il y aura donc fallu faire la preuve avec son passé grâce à des exercices que je vous expliquerais dans un autre podcast ou dans une autre vidéo, et c’est comme ça qu’il apprendra à s’affranchir de sa phobie sociale, de ses pensées obsessionnelles et que, petit à petit il fera diminuer le handicap que lui infligeait sa timidité.

Lionel était bloqué sur des situations qu’il pensait inextricables, et lesquelles situations nourrissaient sa phobie. Il avait fini par se convaincre qu’il était malade, la preuve, l’institution avait diagnostiqué chez lui des pathologies psychiatriques graves, qui nécessitent un traitement lourd et un contrôle thérapeutique spécifique.

Sa dernière hospitalisation sous contrainte lui avait fait prendre la mesure du danger qu’il courait et exprimait son désir de ne pas être celui qu’il voulait qu’il soit, il a pu mettre fin à sa honte et à sa culpabilité en satisfaisant des exercices thérapeutiques assez non conventionnels mais qui lui ont réussi.

Ca lui a tellement réussi que je me souviens avoir bataillé avec lui pour qu’il ralentisse le rythme de ses projets, je craignais que, s’il rencontrait des difficultés devant ses projets, cela le bloque de façon définitive et j’avais peur de la résurgence de sa phobie, et j’ai pu constater que cela aura eu en fait l’effet contraire.

En se libérant de sa phobie sociale, Lionel a progressivement mis en place des façons de s’affirmer et permis aussi d’objectiver à propos de ce que les gens pouvaient ou non penser de lui. 

Parfois, nous communiquons à l’aide de réseaux sociaux, j’apprécie beaucoup l’humour et la dérision dont il fait preuve à son égard. Il a réussi à s’inscrire dans une démarche active pour apprendre à se sécuriser et à retrouver confiance en lui, et Lionel est donc la preuve vivante que ce n’est pas en utilisant des méthodes rationnelles comme celles qui lui ont été longtemps données par certains psys et qui consistaient à essayer de se convaincre qu’il n’avait qu’à pas tenir compte de ce que les gens pouvaient penser.

Alors c’est facile à dire et totalement inapte thérapeutiquement, ce patient ne faisait pas exprès de souffrir de phobie sociale, il ne faisait pas exprès d’avoir peur des autres.

C’était sa réalité parce que des personnes comme des événements répétés s’étaient chargées de le convaincre qu’il était incapable d’avoir un comportement normal et donc d’être comme les autres. 

Aujourd’hui, Lionel est convaincu que l’avenir lui appartient et qu’il suffit juste d’y aller doucement et ne pas s’en demander plus qu’il ne peut en supporter.

Lionel sait aussi que lorsque ça va mal il suffit de réutiliser tout ou partie des exercices que nous avons utilisés ensemble pour traiter sa phobie et pour que les situations se débloquent et comme j’aime à le dire, un jour à la fois.

Grégory Bateson qui est un des pères du comportementalisme, disait que la vie est une succession de problèmes – et il avait bien raison – dans cette suite plus ou moins continue de problèmes, fruits de nos réalités respectives, nous essayons de nous adapter pour résoudre ces problèmes. 

C’est exactement ce que ne savait pas faire Lionel et qu’il a appris à faire pour ne plus souffrir de phobie sociale. 

En trouvant une solution à son problème de phobie sociale, Lionel est-il devenu un homme presque banal ?

La question reste posée.